LA RESURRECTION DU CHRIST, CLE DE VOUTE DE LA FOI CHRETIENNE

Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Voici la bonne nouvelle pascale qui donne joie, sens et espérance à tout dans la vie du chrétien. La résurrection est la pierre d’angle de la foi en Jésus- Christ. Mais pourquoi, sinon parce que la résurrection du Christ authentifie son message, atteste l’unicité de sa mission et lève définitivement le voile sur la vraie nature de sa Personne divine.

En effet, « Y a-t-il un homme qui puisse vivre et ne pas voir la mort, qui puisse sauver son âme du séjour des morts ? » (Ps 89, 48). Qui domine le mal et mort ? Qui donc est si bon pour s’offrir aux coups de ses bourreaux jusqu’à la mort pour les sauver ? Qui peut se rire de la mort comme d’un banal sommeil ? Qui pourrait se donner à lui-même la vie comme s’il en était la source, nous qui la recevons toujours des autres ? Qui peut s’affranchir par lui-même de la mort pour se donner une vie glorieuse au-dessus de la vie présente ? La réponse à ces questions nous oriente vers l’être divin lui-même. C’est son mystère qui transparaît dans la Résurrection du Christ d’entre les morts qui en dit long sur sa Personne réelle. Déclinons d’abord quelques « dires » de cette Résurrection avant d’expliquer modestement ce qu’elle représente dans la foi chrétienne et pourquoi.

LES « ATTESTATIONS » DE LA RESURRECTION DU CHRIST

La résurrection du Christ d’entre les morts le troisième jour, conformément aux prophéties, est la preuve qu’il est le Fils de Dieu fait chair (cf. CEC 653). Sans cet événement qui a eu lieu dans l’histoire humaine mais en la transcendant totalement, les premiers disciples n’auraient point perpétué le nom de Jésus en proclamant : « qu’il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 11-12). En effet, il est « mort pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25).

Aussi,  par  sa  résurrection,  le  Christ  atteste  qu’il  n’est  pas  seulement  celui  qui  est  né virginalement de Marie mais aussi celui qui jaillit plein de gloire libre de la corruption du tombeau.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui a dévoilé les mystères du Royaume de Dieu aux hommes, mais aussi l’accès à ce Royaume.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui a guéri nos malades mais aussi le seul remède d’immortalité.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui délivre des démons mais aussi la délivrance de l’humanité de tout mal.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui essuyait les larmes des pauvres mais la consolation éternelle de ceux qui vont à lui.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui dont la parole éclaire la route des hommes en ce monde, mais aussi la lumière sans déclin qui dissipe à jamais toutes les obscurités possibles.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui a parlé de Dieu comme aucun homme, mais qu’il est lui-même la parole vivante de Dieu aux hommes de tous les temps.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui ébranle la sagesse des sages mais la Sagesse de Dieu autant que celle-ci est accessible aux humbles en ce monde fou.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui a donné la vie aux morts en Israël, mais bien la Résurrection et la Vie pour les morts et les vivants.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement le grand prêtre qu’il nous fallait mais aussi l’unique grand prêtre dont l’office traverse éternellement la mort.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui offre à Dieu un sacrifice d’agréable odeur, mais aussi l’autel véritable de tout sacrifice à Dieu.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui s’est offert en sacrifice mais aussi l’unique victime d’expiation agréée par Dieu.
Par sa résurrection, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui dont la mort arrache des tombeaux les justes de tous les temps, mais également celui qui justifient tous les pécheurs depuis Adam et Eve.

Mais pourquoi ce « tissu » d’affirmations ? Pourquoi ces professions de foi en Jésus-Christ en partant  de sa Résurrection  d’entre les morts  ? Pourquoi  pouvons-nous  afficher  notre tranquille assurance en Jésus-Christ comme notre Sauveur et Seigneur ? Pourquoi sa sortie glorieuse du tombeau est-elle le fondement de notre foi en lui ?

Nous n’expliquerons pas longuement ce qu’est en elle-même cette résurrection. Qu’on retienne toutefois qu’elle n’est point un retour à la vie terrestre, une revitalisation du corps comme chez Lazare (Jn11, 1-44) et la fille de Jaïre (cf. Mc 5, 22-24), mais la transformation, la sortie du tombeau et le passage de l’humanité désormais glorifiée du Christ en Dieu dans une dimension nouvelle, transcendante et éternelle qui instaure entre lui et l’humanité, ainsi qu’avec toute la création, des rapports nouveaux salvifiques. Ceux-ci commencent chez les croyants dans la justification de l’âme et s’épanouiront dans la vivification bienheureuse de leurs corps dans la béatitude éternelle à venir (cf. CEC 658).

LA RESURRECTION DU CHRIST, FONDATION DE LA FOI

L’apôtre Paul l’avait dit ainsi :

« Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi ; vous êtes encore dans vos péchés. Alors ceux qui se sont endormis dans le Christ ont péri. Si c’est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non ; le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis » (1 Co 15, 17-20).

En d’autres termes, la résurrection du Christ constitue la confirmation de son Evangile (cf. CEC 651.653) car en sortant vivant du tombeau, Jésus révèle qu’il est maître de la vie et de la mort. Il se distingue ainsi de tous les envoyés extraordinaires de Dieu aux hommes. Tout ce qu’il a dit de lui-même et de son intimité éternelle d’amour avec Dieu le Père est vrai. Car, pourquoi Dieu ressusciterait-il un blasphémateur pour confirmer ses mensonges ? Et en vertu de quel pouvoir une créature se prenant pour Dieu pourrait-elle s’arracher à la mort ? Le pouvoir de résurrection appartient à Dieu et à Dieu seul : « L’Eternel fait mourir et il fait vivre. Il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter » (1 Sa 2, 6). Soit, il a octroyé ce pouvoir à Jésus momentanément pour qu’il ressuscite, soit Jésus possède lui-même ce pouvoir. Mais alors pourquoi Dieu prêterait-il un tel pouvoir momentanément à un homme se prenant pour Lui, se faisant ainsi complice de l’usurpateur, et donc entraînant l’humanité à adorer un menteur à sa place ? Dieu ne peut le faire. Ce serait absurde. Le Christ a dit qu’il est un avec Dieu : « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 10, 30) ; et « comme le Père ressuscite les morts et donne la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut » (Jn 5, 21), dira-t-il aussi. Bref, ce que fait le Créateur, il le fait pareillement car il est en Dieu et Dieu est en lui, un seul être, une seule « substance » (cf. Jn 10, 30) au commencement avant toute chose, comme celui en qui est la vie qui donne vie (cf. Jn 1, 1-2), et comme celui est descendu dans le monde en revêtant notre chair pour nous sauver (cf. Jn 1, 14)… Et le Christ a annoncé sa résurrection d’entre les morts plusieurs fois (cf. Mt 16, 21 ; Mc 9, 31 ; Mc 10,33.34 ; etc.). Ainsi, si le Christ est un homme, il ne peut se soustraire à la mort puisque cela est impossible à l’humanité. Il ne peut non plus recevoir ce pouvoir des esprits qui ne le possèdent pas, comme il ne peut le recevoir de Dieu s’il veut usurper comme Satan la place de Dieu. Or, le Christ est ressuscité d’entre les morts après avoir affirmé qu’il est Dieu et qu’il était venu dans le monde, non pour le juger mais pour le sauver (cf. Jn 3, 16-17). Par conséquent, tout ce qu’il a dit de lui-même avec Dieu est vrai, comme est vrai tout ce qu’il nous a enseigné et promis. L’apôtre Paul l’affirmera  dans une formule délicate en disant que Jésus né de la postérité de David selon la chair a été « déclaré Fils de Dieu avec puissance (…) par sa résurrection d’entre les morts » (Rm 1, 3-4). C’est par sa résurrection que les disciples ont reconnu la divinité du Christ et confessé qu’il est Seigneur. Il est Dieu, un Seul Dieu avec le Créateur éternel. Et s’il est mort, ce n’est point dans sa nature divine mais bien dans son humanité qu’il a revêtue dans le mystère de l’Incarnation du sein de la Vierge-Marie. Comme Dieu, il a le pouvoir de donner la vie et de la retirer. Il est celui qui donne la vie éternelle. Il est le pardon de nos péchés, l’Agneau immolé pour notre salut. Quelle bonne et extraordinaire nouvelle ! Pourquoi ?

Vivre et vivre toujours : voilà le désir de tous les hommes. Voilà ce qui se cache derrière tous les choix humains : bons ou mauvais. Dans tout ce que l’homme fait, il aspire à la vie, à plus de vie, à une vie meilleure, à une vie qui échappe à la destruction et au mal. Il cherche désespérément dans tout ce qu’il fait à repousser momentanément tous les maux qui menacent son désir de vivre. Entre le bon et le méchant, la frontière est souvent le choix erroné ou le choix vrai, le mauvais moyen ou le bon moyen. Sinon, tout le monde espère se sauver même en faisant le mal. Tout le monde croit encore se sauver même en continuant à nuire à son prochain. Rarement l’homme choisit le mal pour le mal. Lorsqu’il choisit le mal, l’homme croit trouver plus de vie, au moins pour le moment présent. Le moment présent lui fait alors souvent oublier le lointain et l’au-delà. Sa jouissance restreint souvent sa conscience, l’empêchant de voir plus loin que le bonheur de l’instant.

Or, par sa résurrection, donc par sa domination sur la mort et la vie, le Christ atteste qu’il n’est pas seulement celui qui peut consoler quelques moments mais le remède sur tout mal, c’est-à-dire le seul remède contre la mort et contre tout ce qui lui est associée : haine, méchanceté, violence, division, mensonge, égoïsme… Par sa résurrection, le Christ manifeste qu’il peut donner la vie ici-bas mais aussi qu’il peut affranchir de tout ce qui détruit jusqu’à la destruction absolue qui est la mort comme néantisation de l’être. Il avait manifesté ce pouvoir immense sur la maladie et sur les démons, sur le péché et la souffrance en nourrissant les foules de presque rien ; il l’avait également manifesté sur les éléments de la nature en marchant sur les eaux, en commandant aux vents et aux tempêtes… Il l’avait encore démontré en arrachant au cercueil le fils de la veuve de Naïm comme en sortant Lazare en putréfaction de l’obscurité du tombeau, au grand étonnement de tous et à la confusion de ses détracteurs.

Toutefois, nous aurions pu croire qu’il faisait tout cela au Nom d’un autre que lui-même alors même qu’il l’opérait souvent sans effort en son Nom, juste par sa parole qui se révélait vivifiante et divine. Mais tout en agissant ainsi, il s’était proclamé plus grand encore ; il avait déclaré être celui qu’avaient annoncé tous les prophètes, celui dont Abraham avait vu le jour, celui qui corrigeait et accomplissait Moïse, le Maître du Sabbat et du Temple. Il avait enseigné qu’il n’était pas seulement le Messie d’Israël mais le berger de l’humanité ; il avait osé dire, ô le blasphème étions-nous convaincus, qu’il est : « Je suis : [du grec egô eimi] » (Jn 8, 58) mais qu’il devait se faire l’Agneau qui dévoile et enlève le péché du monde, l’Agneau qui montre quel prix nous avons en Dieu et met à nu l’horreur du péché. Aussi l’avons-nous compté parmi les fous et les possédés ; c’est pourquoi nous l’avons livré à la déréliction et à la mort avec les brigands, comme celui qui égare les foules et se prend pour Dieu.

Mais au moment-même où il mourrait, le voile du temple se déchirait en deux, les cieux pâlissaient de tristesse, la terre tremblait de toutes ses entrailles et les soldats confessèrent qu’il est Dieu. Et alors même que son sang arrosait la terre, les tombeaux des justes rendirent leurs morts vivants (cf. Mt 27, 50-53)… Et, ô merveille, malgré les scellés et la garde, le Christ sortit vivant du tombeau précédé par l’Ange, puis s’en vint manger et réconforter ses disciples pendant quarante jours, se montrant à plus de cinq cents frères à la fois (1 Co 15, 6), avant de monter au Ciel devant les yeux éblouis des siens (cf. Ac 1, 3-12), tous en vie au moment où les apôtres porteront sans peur le grand message aux hommes. C’est qu’avant cela, ayant allumé dans leurs cœurs le feu de la foi et la flamme de l’espérance éternelle, il les avait envoyé proclamer l’heureuse nouvelle à tous : la mort a été vaincu par la Vie. Il n’a pas menti, il est le Prince et le Seigneur de la vie, celui qui était dans le monde et que le monde n’a pas connu, celui qui est venu chez les siens et que les siens n’ont pas reconnu : il est le Verbe fait chair, le commencement et l’accomplissement de toute chose, celui par qui tout a été fait et sans qui rien ne saurait être, celui qui est Dieu avant le temps, un éternellement avec Dieu dans l’Amour vivant qui les unit, lui en Dieu et Dieu en lui comme un seul Dieu Créateur, Rédempteur et sanctificateur par son Amour-vivant.

Les apôtres ont cependant essayé d’en douter comme le montre spécialement le témoignage de Mathias (cf. Jn 20, 26). Mais les hommes après les femmes (cf. Mc 16, 9-11 ; Jn 20, 11-18), les disciples (cf. Mc 16, 12.19.20 ; Lc 24, 13-32 ; Jn 21) et les apôtres (cf. Jn 20, 19-23.26 ; Mt 28, 16-20): tous durent se rendre à l’évidence ayant touché ses mains et mangé avec lui, et ayant été illuminés par sa présence (cf. Lc 24, 13-32) et remplis des langues de feu de son Esprit à la Pentecôte (cf. Ac 2). Aussi rendirent-ils témoignage de la résurrection du Christ au prix de leur sang, tandis que lui-même n’a cessé d’accompagner de signes et de prodiges la parole de leur témoignage (cf. Mc 16, 20), de confondre ses persécuteurs (cf. Saint Paul : Ac 9, 3-8), de soutenir ses martyrs (cf. Etienne, Ac 7, 55-60), de répandre son Esprit en ceux qui croient en Lui et qui attendent avec foi son retour en gloire pour la manifestation finale de sa Seigneurie sur toute chose (cf. 1 Thes 4, 16-17)…

LA RESURRECTION : SOURCE DE SENS, DESPERANCE ET DE JOIE

Parce que le Christ est ressuscité, il s’impose comme le Maître de la vie. Il est le seul qui peut nous sortir de la mort l’ayant vaincu à jamais. Parce que le Christ est ressuscité, il confirme qu’il est celui qui donne la vie en abondance, la source d’eau jaillissante pour la vie éternelle. Parce que le Christ est ressuscité, il n’est pareil à aucun autre prophète mais bien le Prince de la vie (cf. Ac 3, 15) qui a vaincu la mort et le prince de la mort. Parce que le Christ est ressuscité, il est la résurrection et la vie, et quiconque croit en lui vivra, même s’il meurt ; et toute personne qui vit et croit en lui ne mourra jamais (cf. Jn 11, 25-26). En d’autres termes, parce que le Christ est ressuscité, il est celui qui remplit nos cœurs de  joie, celui qui donne l’espérance la plus extraordinaire à l’humanité et celui qui donne sens à l’existence humaine.

Le sens, c’est bien sûr la signification, la direction et même la capacité de percevoir. La Résurrection du Christ illumine désormais le pèlerinage terrestre de l’homme car elle montre que le mal et la mort n’ont pas le dernier mot, mais le bien et la vie. La Résurrection du Christ éclaire les routes escarpées et tortueuses de la vie humaine car elle nous indique quelle orientation véritable donner à cette vie-ci, si nous voulons vivre pour toujours, et à quelle porte frapper, nous qui cherchons à tâtons dans l’obscurité de ce monde le sentier de la vie sans fin. Par sa résurrection, le Christ dit aux hommes : « Je suis le premier et le dernier, je suis le vivant. J’étais mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens en main les clefs de la mort et du séjours des morts » (Ap 1, 18). Il a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Puisque tout homme aspire à vivre et à vivre toujours, à vivre et à vivre pleinement : c’est au Christ qu’il doit aller ; c’est à son école, et à la sienne seule, qu’il faut se mettre si on veut parvenir au Ciel. Son enseignement inséparable de sa vie trace par conséquent à l’humanité le chemin qui permet d’échapper à la mort qui est le symbole du drame de l’existence terrestre. Par la résurrection du Christ, la vie échappe désormais à l’absurde qui avait tant déprimé le sage avec sa célèbre maxime : « vanité des vanités, tout n’est que vanité… ». Nos luttes, nos efforts, nos succès, nos échecs : notre besoin irrésistible de vivre coûte que coûte, tout cela ne se termine pas dans le néant mais dans la vie en abondance. C’est cette plénitude de vie qui est offerte à l’humanité dans le Christ-Ressuscité. C’est ce don inouï qu’il offre à ceux qui viennent à lui comme des pauvres en manque d’être, ou tout simplement des créatures qui savent qu’elles ne peuvent se donner l’éternité qui est le propre de Dieu. D’ailleurs, que possède l’humain qu’il ne tienne, de près ou de loin, des autres ? Mais la foi en la résurrection du Christ ouvre également à une expérience de foi en soi de son mystère de grâce. En effet, le don qu’il accorde aux fidèles de son Esprit-Saint leur fait parfois entrevoir les choses d’En-Haut avec un instinct nouveau. Par l’infusion des dons de l’Esprit, le croyant acquiert une connaissance intérieure des réalités surnaturelles. N’est-ce pas là la fonction des dons d’intelligence et de sagesse qui peut donner un goût intérieur des choses sacrées ?

La Résurrection apporte ainsi une espérance unique à l’humanité puisqu’elle annonce qu’il y a une vie éternelle au-delà de toutes les aspirations possibles, une vie de bonheur sans déclin. Mieux, elle révèle que Dieu, dans le Christ, nous a déjà mérité cette vie absolument inaccessible à tous les efforts et à tous les mérites de l’humanité. En remontant vivant du séjour des morts pour entrer dans la gloire éternelle revêtue de notre humanité glorifiée, le Christ entraîne avec lui tous les hommes dans son Royaume éternel. Aussi, parce que toutes les paroles du Christ se sont révélées vraies, même sur la mort, le croyant peut attendre paisiblement la réalisation de ses promesses. Il a promis aux siens, c’est-à-dire à tous ceux qui l’aimeront en gardant sa parole (cf. Jn 14, 21.23) et en le servant fidèlement dans le prochain (cf. Mt 25, 31-46), cette vie par-delà la mort (cf. Jn 8, 51).

Ainsi, la Résurrection remplit-elle le cœur du croyant d’une joie profonde et sereine qui jaillit de la certitude de sa victoire prochaine sur la mort dans le Christ et par le Christ, en dépit des obscurités et des galères de la vie présente. La joie de la foi puise donc plus à la victoire du Christ sur la mort qu’aux mérites personnelles et au bien-être présent ainsi qu’à l’infaillibilité de ses promesses : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jn 5, 24) ; « La volontéde mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 40). « Et la promesse qu’il nous faite, c’est bien la vie éternelle » (1 Jn 2, 25), résumera saint Jean. Mais elle découle également de la possession par le croyant du principe même de cette vie éternelle selon l’enseignement de l’apôtre Paul : « si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite e vous » (Rm 8, 11). L’Esprit-Saint est par conséquent le gage de la résurrection à venir.

ANCRER SA JOIE SUR LE RESSUSCITE

Si le Christ n’était pas ressuscité, vaines seraient la foi, l’espérance et la joie de Pâques. Telle est notre foi. Telle est notre espérance. Telle est la cause de la joie de Pâques. C’est cela que nous annonçons au monde  entier,  à temps et à  contretemps  : Christ  est  Ressuscité, il est  vraiment ressuscité, alléluia ! A ceux qui sont dans les tombeaux, ils donnent la vie, alléluia ! La joie chrétienne ne doit jamais dépendre des événements heureux et malheureux de la vie ou du monde. Elle a pour solide fondement ce que Dieu a fait pour l’humanité dans la Résurrection de son Fils Jésus-Christ d’entre les morts. « Ô mort, où donc est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? » (1 Co 15, 55). Tu as été englouti par la Vie car le Christ est vraiment ressuscité, alléluia. Victoire ! Victoire ! Victoire ! Christ est sorti vivant du tombeau. « Béni soit [donc] Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! Conformément à sa grande bonté, il nous a fait naître de nouveau à travers la résurrection de Jésus- Christ pour une vivante espérance » (1 Co 15, 21). Alors, à chacun de s’accrocher à ces vérités de toujours ; elles sont une bouée de sauvetage pour ces temps d’incertitude et une ancre pour celui qui veut échapper à la mort éternelle.

Toutefois, que celui qui ne croit pas respecte notre foi. Qu’il ne la croit pas dénuée de bon sens et de raison. Et qu’il sache qu’on peut faire l’expérience personnelle de Jésus aujourd’hui comme hier. Le monde contemporain connaît tant de témoins du Ressuscité… Mais pourquoi n’essayerait-il pas de vérifier si tout cela est vrai en analysant sérieusement le témoignage de cette constellation de témoins de la résurrection depuis plus de deux mille ans d’histoire du christianisme ? Pourquoi ne tenterait-il pas, avant de douter de la réalité de la résurrection du Christ, de vivre l’Evangile pour voir s’il est vrai ou faux ? Pourquoi n’essayerait-il pas de toucher par lui-même Celui qui se révèle et se laisse trouver par ceux qui le cherchent sincèrement en vérité ? Après tout, qu’est-ce qu’il y perdra ? Mais si jamais l’Evangile était vrai et qu’un homme venait à passer à côté de cette vérité salvifique, il perdrait tout ainsi que le disait Pascal, le savant et le philosophe converti de manière foudroyante au Christ. La foi n’est pas réservée aux enfants et aux faibles d’esprit. Elle a renversé des penseurs de génie à toutes les époques…

Ma joie, Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Que la joie du Ressuscité soit avec tous, spécialement en ce moment d’épouvante et de grandes incertitudes. Si la mort est vaincue, pourquoi devrions-nous mourir d’angoisse avant même d’être touché par ce que nous redoutons ? Ô le cœur de l’homme si lent à croire ! Dieu est avec nous en Jésus-Christ. Son sang versé est le prix de notre rachat, le lien sans faille de son amour pour nous, la garantie de notre victoire finale sur le mal et la mort. Avec foi, disons donc avec le psalmiste : « Tu ne m’abandonnes pas aux enfers, tu ne laisses pas ton fidèle voir la fosse. Tu me fais connaître la route de la vie; la joie abonde près de ta face à ta droite, délices éternelles » (Ps 16, 9-1 1).

(P. PAULMARIE MBA, cb)

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